Éditorial

          Le numéro inaugural de la revue Fabriques Urbaines (Fab.Urb)se veut révélateur de la volonté du comité fondateur d’annoncer haut et fort la ligne éditoriale adoptée par la revue, à savoir pluridisciplinarité, empirisme, multilinguisme et prédilection accordée aux espaces des sociétés de la Méditerranée et ceux de l’Afrique en particulier.

Les auteurs qui y figurent ont en effet été directement contactés par le comité de rédaction de la revue pour fournir des textes inédits, issus de leurs recherches respectives, s’agissant pour les uns de la réalisation, à partir d’une longue pratique de terrain, d’une thèse de doctorat, pour les autres, d’une réflexion sur l’étude de cas particuliers. 

Ce numéro varia regroupe cinq textes divers dans la thématique qu’ils traitent, le matériau qu’ils mobilisent ou encore l’aire géographique qu’ils concernent par l’analyse.

Abdelkader ABDELLAOUI y traite une notion polysémique et très en vogue :« la Smart city »(la ville intelligente). Après avoir brossé le portrait des différentes acceptions de l’expression,l’auteur questionne les promesses et les limites de ce concept dans le contexte des pays en voie de développement où le droit à la ville n’est pas encore entièrement acquis. A partir de l’exemple de la ville algérienne de Laghouat, Abdellaoui conseille de se méfier de l’usage systématique de l’expression « Smart City », pour plutôt se servir de la notion de «Ville durable », synonyme, selon lui, à une gouvernance intelligente basée sur le principe premier de bonne gestion des ressources.

ABDOU Saliha et BOUCHENAK NourEl-houd s’intéressent à la performance énergétique de l’espace résidentiel. La diversité morphologique de l’habitat que présente la ville de Sétif (Algérie) a servi les auteurs de terrain pour vérifier leur hypothèse. En engageant un protocole d’enquête qui conjuguemesures des effets thermiques, simulation énergétique et questionnaire qualitatif, ils ont pu confirmer que les pratiques domestiques et le comportement des habitants modifient considérablement, dans un sens ou dans un autre, la consommation énergétique dans l’habitation.

Les pratiques d’habiter, cette fois-ci langagières,dans la Ville Nouvelle d’Ali Mendjeli, sont aussi au cœur de la réflexion présentée par Ahcène LAKEHAL. L’auteur part de l’idée que la dénomination des lieux constitue une forme d’appropriation « abstraite » qui informe sur les capacités collectives habitantes à fabriquer de l’espace, d’être en ville et de la ville.

Les villes émergentes du Nigeria, essentiellement multi-ethniques, sont choisies par Tajudeen Akanjipour traiter la question de la sécurité (et son pendant l’insécurité), une question qui touche aux ressorts profonds de l’anthropologie de l’habiter. L’auteur propose une démarche qui repose sur l’engagement des acteurs de la société urbaine et sur la maîtrise des ressources locales d’information (LI)  pour mieux gérer la sécurité urbaine dans les villes nigériennes.

Enfin, Hervé TCHEKOTE et al, montrent que la quête excessive par la population défavorisée d’un chez soi, conjuguée à un laxisme étatique affiché, contribue à l’installation de la ville de Yaoundé (au Cameroun) dans des zones « marginales », constituées de fortes pentes et bas-fonds, initialement non-urbanisables. Cette mobilité résidentielle qui se réalise au détriment de la sécurité des habitants et de la qualité environnementale, est désormais symptomatique d’une opposition permanente entre « la ville de droit » et « le droit à la ville »!.

                                                                                                     Rédacteur en chef. Ahcène LAKEHAL

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