Volume 03, Numéro 01

ÉDITORIAL

La cinquième édition de la revue Fabriques Urbaines complète l’édition précédente, laquelle a été dédiée à la thématique de l’Habitat précaire en Afrique.

Ce numéro, dont les articles ont été réunis par Nadra NAÎT AMAR, se distingue par un texte introducteur rédigé par le défunt Rachid SIDI BOUMEDINE, qui malheureusement nous a quittés peu de temps avant la diffusion(tardive) en ligne de cette édition. En cette triste occasion, le comité de rédaction souhaite vivement rendre hommage à ce praticien-chercheur hors pair, qui, tout au long de sa carrière, s’est démarqué par ses idées, par ses écrits, ou encore par la façon dont il a exercé ses responsabilités au sein de différents organismes privés et étatiques, en affichant, haut et fort, sa non-crédulité vis-à-vis de l’ordre dogmatique que veulent organiser les différents détenteurs du pouvoir (politique, économique et symbolique…) ! Il a laissé derrière lui un héritage intellectuel foisonnant, souvent original, dont la forme et la substance traversent, de bout en bout, le champ de la ville et de l’urbain. BOUMEDINE a interpellé une très large palette d’objets de la société aussi divers et variés que le bidonville, les acteurs et les instruments d’urbanisme dans le Monde Arabe, la question épineuse de la citadinité, la cuisine algérienne, etc., jusqu’à s’intéresser aux détails des tracés ornementaux qui façonnent les carreaux céramiques de la maison de la Casbah d’Alger. Qu’il reçoive ici, et de là où il est, nos sincères et profonds remerciements et reconnaissances !

Outre l’introduction de BOUMEDINE, ce numéro est constitué de cinq textes rédigés en arabe et en français. Martin Luther DJATCHEU KAMGAIN et Simon Pierre MOUNVERA, démontrent, à partir de l’exemple de la ville de Yaoundé (au Cameroun), que l’habitat précaire, produit essentiellement par une population pauvre, est nourri en partie par les défaillances de la politique publique locale en matière de production de logement social. Le constat dressé par Naima HAMMOUD et Nasr Eddine BOUMAOUCH, ou par Lilia HAFIDI, à propos de l’Algérie, est un peu différent, dans la mesure que les auteurs, les uns comme les autres, insistent suffisamment sur la volonté des pouvoirs publics pour sinon freiner du moins réguler la production informel du cadre bâti. Cette volonté se traduit par la mise en place, par l’Etat algérien, de multiples modalités dont les plus manifestes sont respectivement évoquées par les auteurs, à savoir, la promulgation des lois contrôlant d’acte bâtisseur et la multiplication des opérations de relogement !

Le projet urbain constitue aussi, selon Amal GUERDOUH et Farida NACEUR, une autre modalité  majeure, voire stratégique, dont les pouvoirs publics usent depuis plusieurs années pour mener à bien leur politique de résorption de l’habitat précaire. Pourtant, cette tâche ( de résorption) reste difficile à réaliser, parfois complètement inaboutie, comme en témoigne le nombre relativement important de morceaux de ville produits en dehors des voies réglementaire ! Ces territoires de l’informel persistent à ponctuer le paysage urbain ici et là, s’imposant désormais comme une réalité matérielle et sociale complexe, -parfois légitimée par une intervention a posteriori du pouvoir public-, servant de champ privilégié de l’observation in situ et de l’expérimentation pour les chercheurs, à l’instar de Zohir MAYOUF et Brahim NOUIBAT, qui, dans cette édition, testent, à partir des quartiers précaires de Bousaada, l’efficacité (l’opérationnalité) de la notion de la résilience!

 

Ahcène Lakehal. Rédacteur en chef

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